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Il eut sans doute fait un si bel été

Il eut sans doute fait un si bel été …



En cette soirée de fin de printemps nous profitons d'une belle et si attendue accalmie

Après la violente et inhabituelle tempête que depuis quelques jours nous avions subie

La température devient agréable sur cette haute colline trop souvent battue par les vents

Nous apportant régulièrement humidité en provenance de l'ouest et de son soleil couchant.


A quelques kilomètres nous distinguons avec difficultés un peu la mer de Normandie

Face à laquelle depuis environ huit mois j'accomplis la tâche que l'on m'a confiée ici.

Je préférerais me trouver parmi les miens qui fêteront l'anniversaire de ma mère dimanche

Au lieu de garder au service d'Hitler les accès aux côtes et ports du passage de la manche.


Nous sommes cent cinquante à tenir cette position surplombant les rues et plages de Merville

Attendant un fort improbable débarquement des armées alliées en provenance de la grande île.

Cette vie forcée sur ce site derrière des mines et des rangées de barbelés à servir des canons

Nous amène à ressentir grandement l'ennui et nous commençons à trouver le temps très long.


Une dernière cigarette à griller et nous rentrerons dans nos quartiers pour y passer le nuit

Espérant que la royale air force ne vienne pas déranger notre sommeil, nous causer d'ennuis

En effet régulièrement leurs chasseurs bombardiers viennent pour éprouver notre D.C.A.

Pour essayer de détruire nos infrastructures en s'efforçant de faire un maximum de dégâts.


En définitive cette nuit sera bien mauvaise car cela fait plusieurs heures que nous veillons

Empêchés de dormir par de fréquents passages d'aviation et de lointains bruits d'explosions.

Il est environ quatre heures lorsque la sirène rotative d'alerte retentit pour nous tirer du lit

Nous rejoignons au plus vite nos postes pour une nouvelle simulation d'intrusion ennemie


En quelques minutes les quatre batteries longues portées sont complètement opérationnelles

Après compte-rendu de nos chefs au poste de commandement protégé dans sa citadelle

Mais l'opération en cours semble vouloir bien plus longuement que d'habitude se prolonger

Faisant peser sur nous une atmosphère étrange qui commence vraiment à nous inquiéter


Un ordre souvent imaginé, tant redouté déchire le silence nous laissant un temps dans la stupeur

Le mot fatidique que nous espérions ne jamais entendre de notre chef est prononcé " FEUER "

Une détonation sourde suivie dans l'obscurité de brève lueur indique que le premier obus est parti

Donnant la réplique au début d'un concert de fer, de feu et de destructions des autres batteries


Dans la fumée et les odeurs de poudre les salves s’enchaînent en des grondements de tonnerre

Délivrant sur la mer et les plages à un ennemi d'ici non visible sûrement une vraie situation d'enfer

Un nouveau cri « ALARM … parachutistes ! » vient nous surprendre dans nos activités ambiantes

Immédiatement à l'extérieur se lève le jour instable et mouvant des lueurs de fusées éclairantes


Les rafales de balles traçantes saccadées et rapides des mitrailleuses lourdes entrent en action

Venant un peu couvrir les déflagrations, semblant minorer le bruit des tirs des coups de canons

Les multiples claquements secs des impacts de projectiles et des explosions sur le béton armé

Nous indiquent la riposte farouche, déterminée, de très nombreux soldats d'une autre armée


Tout à coup il semble se faire dans le vacarme, un bref instant de silence, comme une pause

Alors se perçoivent de petits chocs et roulements au sol nous faisant réaliser la fin des choses

" ACHTUNG GRENADES "

Je me retrouve immobile allongé à même le sol cimenté et mon corps n'est plus que souffrance

Pendant que se crée en mes pensées pour aussitôt s'éteindre mon dernier souvenir de France



Cris Tolpac





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