Nous n'irons plus à la guinguette

Nous n'irons plus à la guinguette

C'est encore une chaude journée estivale, les parents contraints de travailler

Ont déposé leurs enfants pour un jour de jeux et de détente au centre aéré

Comme c'est fréquent en Anjou le programme décidé est d'aller à la baignade

Pour jouer sur le sable, faire trempette dans le grand fleuve entre camarades

Ils sont soixante quinze marmots partis en autocar encadrés par des moniteurs

Loin de la mer, ils profiteront quand même d'une dizaine d' heures de bonheur

Après avoir passé des moments sur la grève, la baignade s'annonce agréable

De l'eau jusqu'à la taille, se laisser rafraîchir est activité des plus appréciables

En ce 18 juillet 1969, sonnent 16 H 30 à l'horloge de l’église de Juigné sur Loire

Quand un fait se produit qui restera à jamais en cités angevines dans les mémoires

Le banc de sable par le poids des pieds trop sollicité, des berges vient de se détacher

Entraînant avec lui en plein courant de nombreux enfants impuissants et effrayés

De proches pêcheurs en bateaux afin de leur porter secours se dirigent vers eux

Récupérant dans leur sillage de nombreux bambins par les jambes, bras et cheveux

Peu après toute une armada de véhicules d'urgences, d'ambulances arrive sur place

Malgré les recherches vers 19 H 00 des manquants à l'appel on ne trouve plus trace

On dénombre alors 19 jeunes disparus dans les flots pourtant loin d'être en crue

Dont les parents le soir réaliseront effondrés que vivants ils ne les reverront plus

La Loire toujours si belle, en été si calme a emporté dans le silence et dans la mort

Ces jeunes innocents, de par sa loi de la nature n'éprouvant ni conscience ni remord

Je vais souvent faire une promenade pendant les beaux jours pour admirer le fleuve

Afin de profiter des longues, belles soirées d'été avant que de nouveau il ne pleuve

A l'endroit où s'est déroulé ce drame pas de plaque, pas de stèle déposée sur le site

Juste les restes d'une guinguette et un panneau rouillé indiquant " baignade interdite "

Cris Tolpac

N.D. A. : suite à ce drame, les baignades furent interdites en Loire,

les berges et plages de la région autrefois surpeuplées durant les W.E. et vacances d'été

devinrent quasi désertes et la guinguette " la cabane à François" fut abandonnée puis rasée.