Revenir de loin !

Je me revois, roulant à tombeaux ouverts, vers l’ouest, vers la France

L’âme très en peine, l’esprit torturé, tout mon être empli de souffrance

Je fonce seul sur l’autoroute déserte depuis des heures dans la nuit noire

La pénombre m’entoure, hormis mes phares qui me permettent de voir

Je trace en m’éloignant à jamais de toi, sur cette route d’Allemagne

Sans distinguer autour de moi, les plaines, les forêts, les campagnes

Je viens une ultime fois d’essayer avec mon énergie de te reconquérir

Tu ne m’avais pas laissé d’autre choix que réussir ou envisager le pire

Les onze chevaux mécaniques me conseillent de mettre fin à ma déroute

En manœuvrant dans un ultime élan, de manière à quitter cette route

Je cède à leur demande en continuant ma trajectoire les paupières closes

Immobile, les bras rivés sur le volant jusqu’à ce que mon véhicule explose

Je reste ainsi quelques secondes, le compteur bloqué à cent quatre vingts

Mais je reprends les commandes, mes espoirs d’en finir ainsi sont vains

Je me refuse à ce geste, peut-être pour ne pas détruire mon Opel manta

Ou ne pas perdre les souvenirs que ta présence à mes côtés agrémenta

Je te revois comme au premier jour, sexy dans une mini-jupe en cuir

Petit détail qui avait déclenché en moi l’envie irrésistible de te séduire

Mais je t’entends encore m’indiquer ta rupture avant notre mariage

Sans que rien auparavant, ne m’ait donné de signes ou de présages

Bien sûr mes amis me prédisent que le temps guérira mes blessures

Que je t oublierai à force de patience, c’est ce que tous, ils m’assurent

Que je ne suis pas le seul à endurer ceci, être en amour malchanceux

Cependant le fait de le savoir ne me rend pas pour autant plus heureux

J’attends avec grande impatience que l’aube pointe, que le jour se lève

Pour que des pensées moins noires, avec la lumière prennent la relève

Elle n’en finira donc jamais cette si longue route, dans la sinistre nuit

Sans m’en rendre compte suis-je déjà mort, ou bien toujours en vie ?

Cris Tolpac