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Vie d'ardoise


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Vie d’ardoise !



Je me souviens d’un temps où je vivais et travaillais à Noyant la Gravoyère

Temps de ma jeunesse aujourd’hui révolu et ne datant vraiment pas d’hier

A treize ans j’étais déjà en vie active, bien que jeune et pas encore majeur

Mais comme de nombreux compagnons là-bas à fond de trou j’étais mineur


J’avais pourtant rêvé de grands espaces, de jolis ciels bleus sur mer d’Iroise

Mon ciel à moi six jours sur sept c’était seulement un haut plafond d’ardoise

Comme tous ceux d’ " en bas " j’étais à fond de mine passionné et idéaliste

Dans une atmosphère de pénombre, humide, remplie de poussière de schiste


Les journées s’étiraient longues, le travail était harassant, parfois dangereux

Mais dans notre monde avec nos ânes de trait nous étions fiers et valeureux

Ce labeur ne rendait pas très riche, notre bonne fortune était de rester en vie

Malgré cela dans la région notre passion émerveillait et faisait souvent envie


Il y avait aussi le fendage pénible effectué dans cabanes par ceux d’ "en haut "

Pour fournir les ardoises nécessaires à la couvertures des maisons et châteaux

Ces ardoises tirées des profondeurs tachées de sang ou de sueur de nos fronts

De qualité unique capables de durer sur les toits plus de quatre cents saisons


Nous vivions au rythme lent des débitages de blocs, des tirs d’explosions

Veillant à ce que les parois et plafonds n'aient pas bougé suite à l’érosion

Les litres de café , de vin et d’alcool nous donnaient du cœur à l’ouvrage

Pour maintenir en forme nos corps fatigués par tant d' efforts et en nage


Ainsi pendant longtemps j’ai passé mes journées dans ces nuits profondes

Remontant fourbu mais satisfait d’avoir rempli ma tâche en ce bas monde

Puis vint le temps où pour la première fois nous partîmes en congés payés

Pour à notre retour trouver les portes de la mine définitivement fermées


Ayant réalisé mauvais placements le propriétaire banquier avait fait faillite

De notre côté à notre mine nous avons dû renoncer, il a fallu qu’on la quitte

Depuis mon ciel quotidien s’est éclairci, il n’est plus fait de pénombre, de noir

Dans mes yeux des larmes nostalgiques remplacent le bleu ardoise de l’espoir


On se retrouve entre compagnons l’après-midi pour jouer à la boule de fort

Cette occupation nous passe notre temps sans nous causer de grands efforts

On fait semblant d‘être heureux, on boit des tournées, sur le passé on dégoise

Tentant de gagner pour éviter de devoir, des consommations régler l’ardoise




Cris Tolpac




N.D.A. : Ceci n'est pas le récit de mon vécu, mais un texte hommage

aux anciens mineurs de fond de la région angevine, basé sur des faits réels.

 
 
 

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